Les différences fondamentales entre dette et capitaux propres

Dans leur livre « finance d’entreprise », Jonathan Berk et Peter DeMarzo soulignent que lorsqu’une entreprise a besoin de capitaux pour financer des projets à long terme, elle doit décider de la façon de les obtenir et donc la forme des capitaux qu’elle souhaite attirer. En effet, pour se développer, certaines sociétés s’endettent, d’autres émettent des actions ou puisent dans leur réserve d’autofinancement.

Pour mieux appréhender et comprendre le choix d’une entreprise concernant sa politique de financement, j’ai choisi d’établir une comparaison entre recourir à une dette et recourir à des capitaux propres. 

  1. La rémunération des apporteurs de fonds

Un créancier a une rémunération qui est indépendante des résultats de l’entreprise et qui est déterminée contractuellement d’avance. Sauf dans certains cas extrêmes (défaut de paiement d’une échéance, faillite), le prêteur touchera l’intérêt qui lui est dû, ni plus, ni moins, que les résultats de l’entreprise soient excellents, moyens ou mauvais. 

Tandis qu’un actionnaire a une rémunération qui est fonction des profits de l’entreprise. Il n’y aura pas de dividende si les résultats sont mauvais. 

  1. Le remboursement des fonds prêtés 

Une créance a toujours une échéance de remboursement, même lointaine, également définie contractuellement. Tandis qu’un actionnaire ne bénéficie d’aucune garantie d’un quelconque remboursement à une échéance donnée, proche ou lointaine. Lorsqu’un actionnaire veut récupérer son apport, il peut céder ses actions à un nouvel actionnaire en échange de quoi il reçoit de la liquidité.

  1. La garantie de remboursement des fonds 

Les créances sont remboursées en priorité par rapport aux capitaux propres lorsque l’entreprise est liquidée. Le produit de la vente des actifs doit servir à rembourser les créanciers. Ce n’est que s’ils sont totalement remboursés que le surplus éventuel sera versé aux actionnaires. En effet, en cas de faillite, les actionnaires sont remboursées en derniers, c’est-à-dire que les actionnaires sont remboursés après que les créanciers aient été désintéressés. 

Cependant, le plus souvent, la liquidation des actifs est insuffisante pour rembourser à 100 % les créanciers. Donc, les actionnaires n’ont plus que leurs yeux pour pleurer puisque l’entreprise n’est plus solvable et que les capitaux propres ne valent plus rien. 

Le risque et les droits associés aux créanciers et aux actionnaires de l’entreprise Les actionnaires doivent assumer le risque total de l’entreprise puisque les flux générés par l’actif économique vont d’abord être attribués aux créanciers. Ce n’est qu’après que ceux-ci auront perçus leur dû que le solde reviendra aux actionnaires. 

Dans ces conditions, il est naturel que les droits de vote et donc le pouvoir de choisir les dirigeants reviennent aux actionnaires. En effet, les actionnaires ont un intérêt très direct à ce que l’actif économique soit géré au mieux par les dirigeants et que les flux générés soient les plus élevés possibles, afin qu’il reste pour eux un solde positif après que les créanciers aient touché ce qui leur revient (intérêt et capital). C’est parce que les actionnaires viennent après les créanciers dans l’appropriation des flux générés par l’actif économique qu’ils courent le risque de l’entreprise et qu’ils bénéficient donc des droits de vote.